Ce matin, j’ai posté les épreuves corrigées de mon prochain roman. Au fil des pages, Sophie, la correctrice qui s’est occupée de mon texte, a déniché des fautes d’orthographe, redressé quelques phrases un peu boiteuses, pointé des répétitions ; elle m’a aussi posé des questions qui m’ont permis d’affiner certains éléments de l’intrigue.
Ce travail-là, dans la dentelle, est un délice. J’ai beau avoir publié une trentaine d’ouvrage, j’ai toujours la même appréhension quand je reçois les épreuves à relire : celle du mauvais élève, le cauchemar d’un texte qui serait entièrement rayé de rouge, biffé, raturé, à revoir.
Ce matin, donc, j’ai posté les épreuves corrigées, il n’y avait pas tant de choses à revoir sur le texte. A la fin de l’été, je recevrai un second jeu d’épreuve pour vérifier que toutes les corrections ont bien été reportées et le livre paraîtra en janvier. J’en suis heureux.
Dehors, il pleut. C’est un drôle d’été qui se prépare : gris, froid, humide. Un temps à rester derrière son bureau pour écrire et écrire encore. Sauf que j’arrive littéralement en bout de course. J’ai besoin d’une coupure, j’ai besoin d’un appel d’air.
J’ai déjà parlé sur ce blog de ce que je devais à Geneviève Brisac et ce matin, je pense à Chloé Mary, je pense à la présence discrète et subtile de Chloé. Longtemps, j’ai plaisanté à son sujet parce qu’elle était absente les rares fois où le provincial que je suis passait par les bureaux de l’Ecole des loisirs. Impossible de la rencontrer en chair et en os. Chloé s’incarnait dans des mails qui prenaient de mes nouvelles, qui m’interrogeaient sur mes projets, qui me parlaient avec intelligence et sensibilité des textes que j’écris. Puis, les messages sont devenus une voix dans mon téléphone, avec toujours ce mélange de présence et de discrétion. Une présence amicale, attentive ; une présence comme un encouragement. Il faut exercer ce drôle de métier solitaire d’écrivain pour connaitre la valeur de ce que peuvent apporter ces encouragements-là. Alors ce matin, j’ai juste envie de te remercier, Chloé.
Ce texte est le deuxième post d’Eric Pessan sur le blog.